L’administrateur de réseaux est devenu un acteur stratégique dans les entreprises où la continuité numérique est vitale. Quand un site e‑commerce s’arrête, quand un VPN tombe en panne ou qu’un pare-feu est mal configuré, c’est toute l’activité qui s’enraye. Derrière chaque connexion fluide, chaque application cloud disponible et chaque échange de données sécurisé, se trouve un professionnel qui conçoit, surveille et protège l’infrastructure de communication. Si vous travaillez déjà dans l’IT ou si vous envisagez de devenir administrateur réseau, comprendre l’ampleur de ce rôle est essentiel pour progresser dans un environnement où la cybersécurité, le cloud et le télétravail redessinent les architectures. Loin d’un simple rôle technique, l’administration réseau est désormais au croisement des enjeux de performance, de sécurité et de transformation digitale.
Définition du rôle d’administrateur de réseaux dans une infrastructure informatique hybride
Dans une infrastructure hybride mêlant datacenters on-premise, cloud public et SaaS, l’administrateur de réseaux est responsable de la disponibilité, de la sécurité et de la performance des flux entre ces différents environnements. Son champ d’action couvre les réseaux locaux d’entreprise (LAN), les réseaux étendus (WAN), le Wi‑Fi, les interconnexions vers les clouds comme AWS ou Azure, ainsi que les accès distants des collaborateurs en télétravail. Selon plusieurs baromètres récents, plus de 55 % des dirigeants français craignent qu’un incident de cybersécurité ne compromette leurs projets de transformation digitale, ce qui renforce directement la responsabilité de ce rôle.
Concrètement, vous concevez les topologies réseau, définissez l’adressage IP, mettez en place les VLAN, configurez les routeurs, commutateurs et firewalls, et supervisez l’ensemble via des outils de monitoring. Vous tenez également un rôle de « gardien » des bonnes pratiques de sécurité : gestion des accès, segmentation, chiffrement, sauvegardes de configuration, réponse aux incidents. L’administrateur réseau se situe au cœur de la Direction des Systèmes d’Information, en interaction quotidienne avec les équipes systèmes, cybersécurité, support et parfois les métiers, afin de concilier exigences techniques, contraintes budgétaires et continuité d’activité.
Dans une architecture hybride moderne, l’administrateur réseau n’est plus seulement un technicien, mais un garant de la résilience numérique et un acteur clé de la cyberdéfense opérationnelle.
Compétences techniques clés d’un administrateur de réseaux en environnement multi-vendeurs
Maîtrise des protocoles réseau de couche 2 et 3 : VLAN, STP, OSPF, BGP et MPLS
Pour administrer un réseau d’entreprise moderne, une excellente compréhension des couches 2 et 3 du modèle OSI est indispensable. Vous devez maîtriser les VLAN (802.1Q) pour segmenter logiquement le réseau, le Spanning Tree Protocol (STP, RSTP, MSTP) pour éviter les boucles et assurer une redondance maîtrisée, ainsi que les protocoles de routage comme OSPF pour les environnements internes et BGP pour les interconnexions opérateurs et le peering. Dans les grandes organisations ou les opérateurs, la connaissance de MPLS et des VPN de niveau 3 devient un atout majeur pour gérer la qualité de service et la priorisation du trafic (VoIP, visioconférence, applications métier critiques).
Une bonne pratique consiste à documenter clairement la hiérarchie des zones, la politique d’agrégation de routes et la stratégie de redondance. Cela vous permet de réduire drastiquement les temps de diagnostic lors d’un incident de routage, en particulier dans des architectures complexes où plusieurs protocoles coexistent.
Administration d’équipements cisco IOS, juniper JunOS, HPE aruba et huawei CloudEngine
Les infrastructures réseaux d’entreprise sont rarement homogènes. Vous pouvez être confronté à des environnements dominés par Cisco IOS, complétés par des commutateurs Juniper JunOS, des contrôleurs Wi‑Fi HPE Aruba ou des cœurs de réseau Huawei CloudEngine. La capacité à passer d’un CLI à l’autre, à comprendre les subtilités des différentes syntaxes et à appliquer des concepts similaires (par exemple, la création de VLAN ou de VRF) sur plusieurs OS réseau constitue une compétence déterminante pour travailler en environnement multi-vendeurs.
Pour rester efficace, il est utile d’élaborer des modèles de configuration standardisés, de centraliser les guides internes et d’automatiser les tâches répétitives. L’exposition à plusieurs constructeurs vous rend également plus solide lors des audits, des migrations ou des appels d’offres, où une comparaison fine des fonctionnalités (stacking, QoS, sécurité) est attendue.
Gestion des services réseaux critiques : DNS bind, DHCP, NTP, RADIUS et LDAP
Sans services fondamentaux comme le DNS, le DHCP ou le NTP, aucun réseau d’entreprise ne peut fonctionner correctement. L’administrateur de réseaux configure et sécurise DNS Bind (ou équivalents) pour assurer la résolution de noms interne et externe, met en place des scopes DHCP redondants pour distribuer automatiquement les adresses IP, et synchronise tous les équipements via des serveurs NTP fiables, parfois en cascade pour limiter la dépendance à Internet. À cela s’ajoutent les services d’authentification centralisée comme RADIUS et LDAP, indispensables pour le contrôle d’accès réseau, le Wi‑Fi entreprise ou les VPN.
Une mauvaise configuration de ces services peut provoquer des incidents massifs : perte de connectivité, problèmes d’authentification, dérives de temps cassant des certificats ou des journaux de sécurité. Un soin particulier doit être apporté à la redondance, aux sauvegardes et à la journalisation afin de faciliter les audits et la traçabilité.
Surveillance et supervision réseau via zabbix, PRTG, centreon et nagios
La supervision proactive est l’un des piliers de l’administration réseau moderne. Des outils comme Zabbix, PRTG, Centreon ou Nagios permettent de collecter des métriques (CPU, mémoire, bande passante, taux d’erreurs, disponibilité), de générer des alertes en cas d’anomalie, et de visualiser les tendances pour anticiper les saturations. Dans beaucoup d’entreprises, plus de 90 % des incidents majeurs laissent des signaux faibles dans les métriques plusieurs heures avant la panne visible par les utilisateurs, ce qui montre l’importance d’un monitoring bien paramétré.
Pour tirer le meilleur parti de ces solutions, vous pouvez définir des seuils pertinents adaptés à chaque type de lien, créer des tableaux de bord dédiés aux SLA, et corréler la supervision réseau avec celle des systèmes et applications. L’objectif est de réduire le temps moyen de détection (MTTD) et le temps moyen de résolution (MTTR), deux indicateurs scrutés par la direction informatique.
Scripting et automatisation avec python, ansible, PowerShell et API REST
Avec la montée en puissance du network automation et du concept de Infrastructure as Code, l’administrateur de réseaux qui maîtrise des outils comme Python, Ansible, PowerShell ou les API REST des équipements prend un avantage compétitif conséquent. L’automatisation permet de déployer des configurations cohérentes sur des dizaines de commutateurs, de générer des rapports, de tester des règles de pare-feu ou de mettre à jour des ACL sans interventions manuelles répétitives et sources d’erreurs.
Il est judicieux de commencer par automatiser les tâches à faible risque : sauvegarde de configuration, extraction d’inventaire, vérifications de conformité. Progressivement, vous pourrez aller vers des playbooks Ansible plus complexes, voire l’intégration à une chaîne CI/CD pour les changements réseau planifiés. Cette approche réduit les erreurs humaines et simplifie les audits de conformité.
Architecture et segmentation réseau : du LAN d’entreprise au SD-WAN
Conception de topologies LAN et WLAN : modèle cisco à trois couches et architectures leaf-spine
La conception d’une architecture LAN et WLAN robuste repose sur des modèles éprouvés. Le modèle Cisco à trois couches (accès, distribution, cœur) reste une référence pour les campus traditionnels, tandis que les architectures leaf-spine se généralisent dans les datacenters pour offrir une latence prévisible et une bande passante élevée entre serveurs. Dans le Wi‑Fi entreprise, les contrôleurs centralisés et les architectures basées sur des solutions comme Aruba ou Cisco Catalyst prennent en charge la gestion des SSID, de la QoS et du roaming.
Une analogie simple consiste à voir le réseau comme un réseau routier : les cœurs de réseau sont les autoroutes, la distribution les nationales, et l’accès les routes locales. Une topologie bien pensée évite les goulets d’étranglement, facilite l’isolation des incidents et simplifie les évolutions futures (ajout de bâtiments, refonte du Wi‑Fi, intégration de solutions de collaboration temps réel).
Segmentation logique avec VLAN, VRF, 802.1Q, ACL et micro-segmentation
La segmentation réseau est devenue une exigence majeure, autant pour des raisons de performance que de cybersécurité. Les VLAN basés sur 802.1Q permettent de séparer les flux bureautiques, invités, IoT, téléphonie IP ou industriels. Les VRF ajoutent une isolation plus forte au niveau du routage, utile par exemple pour distinguer des environnements de test, de production ou des clients dans un contexte multi-tenant. Les listes de contrôle d’accès (ACL) sont utilisées pour filtrer précisément les flux autorisés entre segments.
La micro-segmentation, parfois réalisée via des solutions SDN ou des agents sur les workloads, pousse cette logique encore plus loin en définissant des politiques au niveau de chaque application ou machine virtuelle. Dans un contexte où plus de 70 % des attaques exploitent des mouvements latéraux internes, cette granularité devient déterminante pour limiter l’impact d’un compte compromis ou d’un poste infecté.
Déploiement de réseaux étendus : VPN IPsec site-à-site, SSL VPN et SD-WAN (cisco meraki, fortinet)
Les réseaux étendus (WAN) connectent les sites distants, les filiales et les utilisateurs nomades. Vous devez maîtriser les VPN IPsec site-à-site pour l’interconnexion chiffrée entre sites, les SSL VPN pour l’accès distant des collaborateurs, et les solutions SD-WAN comme Cisco Meraki ou Fortinet qui permettent d’orchestrer plusieurs liens (fibre, xDSL, 4G/5G) avec une gestion centralisée des politiques. Selon les études de marché, plus de 60 % des grandes entreprises ont déjà engagé une migration vers le SD-WAN pour gagner en agilité et en visibilité.
Une bonne stratégie WAN inclut des politiques de trafic par application (steering vers Internet direct pour le SaaS, backhauling pour des services sensibles), des mécanismes de redondance intelligente et des tableaux de bord de performance temps réel. Une politique cohérente vous aide à absorber les pics d’usage liés au télétravail ou aux périodes commerciales fortes sans dégrader l’expérience utilisateur.
Gestion de la haute disponibilité : HSRP, VRRP, GLBP, agrégation de liens LACP
La haute disponibilité réseau vise à garantir que la perte d’un équipement ou d’un lien n’interrompra pas le service. Les protocoles de redondance de passerelle comme HSRP, VRRP ou GLBP assurent la continuité de la passerelle par défaut pour les postes utilisateurs et les serveurs, tandis que l’agrégation de liens via LACP permet de combiner plusieurs interfaces physiques en un seul lien logique tolérant la panne d’un port. Dans les environnements critiques, ces mécanismes sont essentiels pour respecter des objectifs de disponibilité supérieurs à 99,9 %.
Pour vous, cela implique de concevoir des scénarios de bascule (failover), de tester régulièrement les coupures simulées et de surveiller les métriques associées (temps de convergence, erreurs, asymétries de trafic). Sans ces tests, la redondance reste théorique et peut révéler des surprises le jour d’un incident réel.
Intégration réseau des datacenters et infrastructures cloud (VMware vsphere, AWS VPC, azure VNets)
L’administrateur de réseaux doit de plus en plus jongler entre réseaux physiques de datacenters et réseaux virtuels dans le cloud. Sur VMware vSphere, il gère les vSwitch, les port groups, la connectivité des machines virtuelles et parfois des solutions de virtualisation réseau plus avancées. Dans les clouds publics, il conçoit des VPC AWS ou des VNets Azure, définit les subnets, les tables de routage, les Security Groups et les VPN ou liaisons dédiées (Direct Connect, ExpressRoute).
La complexité vient souvent du besoin d’unifier les politiques de sécurité et d’adressage entre ces mondes. Une erreur fréquente consiste à sous-estimer les conflits d’adressage ou les chemins de retour asymétriques lors de l’interconnexion. Une approche méthodique, appuyée sur une documentation claire et une cartographie à jour, vous aide à garder une vue cohérente de l’ensemble.
Sécurité réseau opérationnelle et gestion des accès
Configuration de firewalls nouvelle génération : FortiGate, palo alto, cisco ASA/FTD
Les pare-feu de nouvelle génération (NGFW) comme FortiGate, Palo Alto ou Cisco ASA/FTD sont au centre de la stratégie de sécurité périmétrique et interne. Vous configurez des politiques basées sur les applications, les utilisateurs (via intégration AD/LDAP) et le contenu, vous activez l’inspection SSL/TLS, et vous appliquez des profils UTM (antivirus, filtrage web, IPS). Les rapports de plusieurs éditeurs montrent que plus de 80 % du trafic est désormais chiffré, ce qui rend l’inspection pertinente pour détecter les menaces avancées.
Une bonne hygiène consiste à adopter une politique « deny by default », à segmenter les zones (LAN, DMZ, partenaires, Wi‑Fi invités) et à revoir régulièrement les règles obsolètes. Vous pouvez aussi tirer parti de fonctions avancées comme les objets dynamiques, les tags et les automatismes de blocage en cas d’alerte critique.
Implémentation de politiques zero trust, 802.1X, NAC (cisco ISE, aruba ClearPass)
Le modèle Zero Trust part du principe que n’importe quel poste ou utilisateur peut être compromis, même à l’intérieur du réseau. Dans cette logique, l’authentification et l’autorisation deviennent centrales. Vous mettez en œuvre l’authentification 802.1X sur les ports filaires et Wi‑Fi, couplée à des solutions de Network Access Control (NAC) comme Cisco ISE ou Aruba ClearPass. Ces plateformes vérifient l’identité de l’utilisateur, le statut de conformité du terminal (antivirus, mises à jour, posture) et appliquent un profil réseau adapté (VLAN, ACL, QoS).
Pour vous, l’enjeu est de concilier sécurité et expérience utilisateur. Une phase pilote, des scénarios de remédiation (par exemple, bascule dans un VLAN de quarantaine) et une communication claire auprès des équipes sont essentiels pour éviter les blocages massifs lors du déploiement initial.
Inspection du trafic et filtrage : IDS/IPS, proxy web, filtrage URL et sandboxing
Au-delà du pare-feu, la défense en profondeur inclut des systèmes IDS/IPS, des proxys web, des solutions de filtrage d’URL et parfois des mécanismes de sandboxing pour analyser les fichiers suspects. Ces briques détectent les comportements anormaux, les tentatives d’exploitation de vulnérabilités ou les communications vers des serveurs de commande et contrôle (C2). Les études montrent que le temps moyen de détection d’une intrusion dans les organisations non préparées dépasse encore 200 jours, ce qui souligne l’importance de ces capteurs.
En tant qu’administrateur réseau, vous devez vous assurer que ces outils sont correctement positionnés dans le chemin de trafic, qu’ils disposent d’une capacité suffisante pour ne pas devenir des points de congestion, et que les politiques de filtrage sont alignées avec les exigences métiers. Des tableaux de bord clairs et des alertes corrélées facilitent la collaboration avec l’équipe SOC ou sécurité.
Hardening des équipements réseau et gestion des mises à jour (firmware, correctifs de sécurité)
Le hardening des équipements réseau consiste à réduire leur surface d’attaque : désactivation des services inutiles, restriction des accès d’administration (SSH, HTTPS, SNMPv3), mise en place d’authentification forte, limitation des tentatives de connexion, journalisation centralisée. Beaucoup d’attaques ciblent des firmwares obsolètes ou des interfaces de gestion exposées, ce qui rend la gestion des mises à jour critique.
Une approche structurée inclut un inventaire complet des versions, l’évaluation de l’impact des mises à jour, des tests en environnement de préproduction et un déploiement progressif lors de fenêtres de maintenance planifiées. L’intégration avec des outils d’automatisation et de gestion de configuration vous aide à garantir une conformité continue.
Surveillance des menaces et réponse aux incidents via SIEM (splunk, IBM QRadar, elastic)
Les plateformes SIEM comme Splunk, IBM QRadar ou Elastic Security collectent et corrèlent les journaux issus des pare-feu, routeurs, commutateurs, proxys et systèmes pour détecter des scénarios d’attaque. Même si un spécialiste cybersécurité pilote souvent le SIEM, l’administrateur réseau joue un rôle essentiel en garantissant la qualité des logs, la synchronisation temporelle et la couverture des différentes zones du réseau.
Lors d’un incident, vous pouvez être amené à isoler rapidement un segment, à couper un lien, à mettre à jour des ACL ou des routes, ou encore à restaurer une configuration antérieure. Une coordination efficace entre réseau, sécurité et exploitation réduit significativement l’impact opérationnel et la durée de l’incident.
Outils d’administration, de supervision et de gestion de la performance réseau
Au-delà de la simple supervision, l’administrateur de réseaux s’appuie sur un écosystème d’outils pour gérer la performance et la capacité. Des sondes de mesure de latence, des collecteurs NetFlow/sFlow, des sondes VoIP ou des tests transactionnels applicatifs permettent d’évaluer la qualité réelle perçue par les utilisateurs. En moyenne, dans les grandes organisations, plus de 40 % des tickets « réseau lent » se révèlent liés à des applications ou à des postes clients, ce qui impose une vision bout en bout pour éviter les diagnostics erronés.
Une gestion de capacité sérieuse inclut l’analyse des tendances sur plusieurs mois, l’identification des liens saturés à certaines heures, et la planification des montées en débit ou des optimisations (QoS, compression, cache). Vous pouvez aussi vous appuyer sur des tableaux de bord de performance pour justifier des investissements auprès de la direction : ajout de liens, mise à niveau de commutateurs, adoption d’un SD-WAN ou d’un nouvel outil de monitoring. L’utilisation d’outils convergents simplifie votre quotidien et limite la multiplication de consoles disparates.
| Type d’outil | Objectif principal | Exemples courants |
|---|---|---|
| Supervision disponibilité | Contrôler l’état des équipements et services | Zabbix, Centreon, Nagios |
| Analyse de flux | Examiner la répartition du trafic réseau | NetFlow, sFlow, NTA |
| Performance applicative | Mesurer l’expérience utilisateur | APM, sondes synthétiques |
| Gestion de config | Standardiser et versionner les configurations | RANCID, Oxidized, Ansible |
Gestion des incidents, changements et configuration (ITIL, CMDB et gestion de versions)
Gestion d’incidents réseau critique : procédure de diagnostic, escalade et post-mortem
Lors d’un incident réseau majeur, la différence se joue souvent dans les premières minutes. Une procédure de gestion d’incidents bien rodée vous guide : qualification rapide (périmètre affecté, impact métier), vérification des éléments de base (alimentation, liens physiques, logs récents), consultation de la supervision, puis escalade vers les niveaux supérieurs ou les fournisseurs si nécessaire. Une communication claire avec les équipes métiers et la direction évite les rumeurs et permet d’annoncer des délais réalistes.
Après la résolution, un post-mortem structuré identifie les causes profondes, les points d’amélioration (monitoring, documentation, redondance) et les actions préventives. Sans cette boucle de retour d’expérience, les mêmes scénarios risquent de se reproduire, parfois avec un impact plus lourd.
Processus de gestion des changements (ITIL change management) et fenêtres de maintenance
La gestion des changements selon les bonnes pratiques ITIL vise à sécuriser les opérations modifiant l’infrastructure : mises à jour, migrations, ajouts de VLAN, modification de routage, refonte de firewall. Vous rédigez des demandes de changement (RFC) décrivant l’objectif, l’impact, le plan de mise en œuvre, le plan de retour arrière et la fenêtre de maintenance choisie, souvent en dehors des heures de production. Des études internes montrent que dans beaucoup d’entreprises, plus de 60 % des incidents majeurs découlent de changements insuffisamment préparés.
Un processus mature inclut une revue par un comité de changement, des tests préalables, une communication en amont vers les utilisateurs et une surveillance renforcée pendant et après la mise en production. Ce cadre peut paraître contraignant, mais il protège votre activité et renforce la confiance du management dans l’équipe réseau.
Documentation technique et CMDB : cartographie réseau avec NetBox, GLPI, itop
Une documentation à jour reste l’un des outils les plus puissants de l’administrateur réseau. Des solutions comme NetBox, GLPI ou iTop permettent de constituer une CMDB (Configuration Management Database) décrivant les équipements, les liens, les VLAN, les adresses IP, les dépendances entre services. Cette cartographie est précieuse pour comprendre rapidement l’impact d’un incident ou d’un changement, et pour accueillir de nouveaux membres dans l’équipe.
Un bon réflexe consiste à intégrer la mise à jour de la documentation dans chaque procédure standard (changement, création de VLAN, ajout de site). Sans cette discipline, la CMDB perd rapidement sa valeur et les décisions reposent à nouveau sur une mémoire informelle, fragile et non partageable.
Gestion des sauvegardes de configuration et du versioning (RANCID, oxidized, git)
Les sauvegardes de configuration et le versioning constituent une assurance indispensable. Des outils comme RANCID ou Oxidized récupèrent automatiquement les configurations des équipements, les stockent dans un dépôt (par exemple Git) et permettent de visualiser les différences entre versions. En cas de configuration corrompue, d’erreur humaine ou de panne matérielle, vous pouvez restaurer rapidement un état fonctionnel.
Cette approche offre aussi un cadre pour les revues de code réseau, à l’image des revues de code en développement. Vous pouvez vérifier qu’aucune règle non autorisée n’a été ajoutée, qu’un standard d’adressage est respecté ou qu’une migration s’est déroulée conformément au plan. Cette rigueur augmente la confiance dans l’infrastructure et simplifie les audits.
Tableaux de bord SLA et reporting pour la direction informatique (KPI de disponibilité et latence)
Pour valoriser le travail effectué et aligner le réseau sur les objectifs de l’entreprise, les tableaux de bord SLA sont essentiels. Vous pouvez y suivre des indicateurs comme le taux de disponibilité des sites, la latence moyenne vers les services critiques, la bande passante consommée, le nombre d’incidents par mois ou le temps moyen de résolution. Certains rapports de marché indiquent que plus de 70 % des DSI souhaitent des indicateurs synthétiques plutôt que des détails techniques, afin de piloter leurs décisions d’investissement.
En construisant ces KPI autour de l’expérience utilisateur et des enjeux métiers, vous montrez que le réseau n’est pas un simple centre de coûts, mais un levier de performance. Ce positionnement renforce votre poids dans les arbitrages budgétaires et facilite l’obtention de moyens pour moderniser l’infrastructure.
| KPI réseau | Description | Intérêt pour la DSI |
|---|---|---|
| Disponibilité (%) | Temps de service vs temps total | Mesure de la continuité d’activité |
| Latence moyenne | Délai entre client et application clé | Impact direct sur l’expérience utilisateur |
| MTTR | Temps moyen de résolution d’incident | Évalue l’efficacité opérationnelle |
| Nombre de changements | Changements réalisés vs incidents associés | Suit la maturité du Change Management |
Formation, certifications et évolution de carrière d’un administrateur de réseaux
Le métier d’administrateur de réseaux repose sur un socle de compétences techniques mais aussi sur une capacité à apprendre en continu. Les parcours académiques classiques vont du Bac+2 (BTS SIO option SISR, BUT Réseaux et Télécoms) au Bac+5 (Master réseaux, écoles d’ingénieurs orientées systèmes et réseaux ou cybersécurité). De nombreuses écoles spécialisées proposent désormais des cursus centrés sur la cybersécurité, le cloud et l’architecture réseau, avec une forte dimension pratique et de l’alternance. Cette combinaison d’apprentissage théorique et d’expérience en entreprise constitue un accélérateur de carrière pour vous si vous débutez.
Les certifications jouent également un rôle clé dans la reconnaissance de votre expertise. Les plus répandues incluent CompTIA Network+ pour les bases, Cisco CCNA / CCNP, les certifications Juniper (JNCIA, JNCIS), Fortinet (NSE), ou encore des titres orientés sécurité comme CISSP ou CEH si vous visez la cybersécurité. Au-delà de la ligne sur le CV, la préparation à ces certifications structure votre apprentissage, vous expose à des scénarios proches de la réalité et vous oblige à couvrir des domaines que la pratique quotidienne laisse parfois de côté.
En termes d’évolution, un administrateur de réseaux peut progressivement s’orienter vers des postes d’architecte réseau, d’ingénieur sécurité, de consultant ou de responsable infrastructure. Certains choisissent aussi la voie du freelance, avec un tarif journalier moyen souvent compris entre 300 et 500 € selon l’expérience et les spécialisations. Avec la généralisation du cloud, du SD-WAN et des politiques Zero Trust, la demande pour des profils capables à la fois de concevoir, déployer et sécuriser des réseaux hybrides reste très élevée, ce qui vous offre une mobilité professionnelle et géographique particulièrement intéressante.